Aya

Premières lignes....jpg Premières lignes…

 » Aya court. Ses cris retentissent dans la forêt. Des ombres s’avancent, les bras encombrés. Boubacar était arrivé chez elle quand la nuit tombait. Somnolant à même le sol, bouche ouverte, la mère d’Aya n’avait pas remarqué le sac de riz qu’il avait déposé comme d’habitude. Ça faisait longtemps qu’elle ne voulait plus savoir que son propre frère venait chercher sa fille. Et l’emporter loin de ses livres d’enfant. Aya pleurait fort mais cela n’étonnait plus personne ; les voisins avaient l’habitude d’entendre sa mère hurler. Ils se disaient que « la petite est aussi délabrée que cette pauvre Aïssatou… ». Chaque fois, Boubacar l’emmenait dans sa vieille Peugeot déglinguée et roulait à toute allure. «   

Aya

Je remercie les éditions Albin Michel et Babelio pour la lecture en avant première de ce roman dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée.
 » Aya «  , c’est toute la ferveur et la fragilité de l’Afrique, dans une magnifique histoire de résilience que la plume sensuelle, poétique et mélodieuse de Marie-Virginie Dru fait vibrer tel un chant initiatique. Ce roman est publié aux éditions Albin Michel en ce printemps 2019.
p. 16 :  » Jeudi, le jour où elle est née et qui se dit Aya en wolof. « 
Au large du Sénégal se trouve la petite île de Karabane. Aya, douze ans, y vit avec sa mère Aïssatou. Depuis la mort accidentelle de son père et la disparition de son frère Djibril, cette dernière s’est déconnectée de la vie réelle, et Aya se retrouve livrée à elle-même.
p. 31 :  » Pourquoi tout a changé depuis ce jour, depuis l’accident, le terrible naufrage du Joola ? Pire que le Titanic, lui a dit Ousmane. « 
Ousmane, c’est son meilleur ami, son amoureux, son ange gardien. Et ce qu’ils aiment le plus, c’est se baigner dans l’Océan. Elle s’y sent légère et libre.
p. 19 :  » Tout l’océan la submerge d’amour. « 
Mais Karabane, c’est également le lieu où les rêves se confondent douloureusement à la réalité. Et depuis que sa mère a perdu la raison, son oncle Boubacar vient la chercher régulièrement, et abuse d’elle. Mais ce terrible secret, elle ne le confie à personne, par honte.
Un jour, Camille, une photographe journaliste française d’une trentaine d’année débarque sur l’île. Elle profite de son passage pour immortaliser la cérémonie d’initiation  des jeunes garçons dans le bois sacré. Cette cérémonie est le rite qui marque le passage de l’enfance à l’état adulte. Et cette année, Ousmane doit y participer. Ainsi, Aya et Camille assistent, à la fois émerveillées et effrayées au départ de Ousmane. Mais c’est la fillette qui attire toute l’attention de la photographe.
p. 64 :  » Dès que cette petite fille s’est approchée, mon cœur a flanché. Il y a en elle toute la force et la fragilité de son pays. J’ai l’impression de la connaître depuis toujours. « 
Mais depuis quelques jours, Aya est prise de nausées et de douleurs abdominales. Camille la dépose devant le dispensaire avant de retourner à Paris pour une exposition. Là, le diagnostic posé, le couperet tombe.
p. 86 :  » On lui donne des mensonges. Elle se met en boule, pour rouler hors de ces mots. Elle ne peut pas : « Enceinte, c’est pour les grandes. Il  a dû dire sainte, peut-être parce que j’ai trop prié. « 
Quelles solutions s’offrent à Aya, enceinte à seulement douze ans, conséquence inévitable des viols répétés de son oncle ? Elle décide alors de tout abandonner pour se rendre à Dakar. Là-bas, elle pourra être recueillie par la Maison Rose, une association où l’on accueille les jeunes filles enceintes et abandonnées, et les enfants des rues. Elle embarque alors dans le bateau qui doit la mener vers une nouvelle vie, même si pour cela elle doit abandonner Ousmane.
p. 94 :  » Elle aussi se sent coupée en deux. Une moitié restée avec Ousmane, ses souvenirs, sa vie d’avant, et l’autre prête pour l’aventure. L’océan s’ouvre devant elle. « 
Aya espère secrètement retrouver son frère qui a disparu il y a trois ans. Il voulait vivre une autre vie, autre que celle de l’île de Karabane. Des rêves de grandeur, comme tous les jeunes de son âge. Mais ce qu’Aya ignore, c’est que c’est pour elle et sa mère qu’il est parti…
p. 112 :  » Je quittais tout, et j’étais plein d’impatience. J’attendais depuis longtemps ce départ. Là-bas, j’allais réussir à gagner de quoi les faire vivre. Celles que j’aimais tant. Celles que je devais protéger. « 
Comment Aya va-t-elle assumer la responsabilité de mère auprès de son enfant ? Réussira-telle à retrouver son frère ? Et Ousmane l’aimera-t-il tout autant en apprenant qu’elle a désormais un enfant ?
Ce roman est le mélange complexe de sentiments contradictoires. Malgré les terribles épreuves que traverse le personnage de Aya, sa foi indéfectible en la vie n’est en rien altérée. C’est une véritable leçon de résilience et d’espérance ! L’ensemble des personnages féminins présents dans ce roman sont extrêmement forts. Chacune apporte un relief à l’histoire, et c’est pour ma part, ce qui fait toute la puissance du récit. J’en garde le sentiment d’une lecture à la fois exotique et dramatique. Une lecture indispensable, sans conteste !

 » Il y a une faille en toute chose, c’est ainsi que passe la lumière.  » Léonard COHEN

Note : 4/5

Auteure : Marie-Virginie DRU

Année de parution : 2019

219 pages (épreuves non corrigées)

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2 réflexions sur “Aya

  1. christineditemarmara

    Ta chronique est juste magnifique. Elle ne peut que m’inciter à lire ce livre. Merci beaucoup. Encore une belle lecture en perspective. 😘

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