Le dernier gardien d’Ellis Island (3.5/5)

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« C’est par la mer que tout est arrivé. Par la mer, avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont jamais repartis, c’est le vif de ma chair et de mon âme qu’ils ont éperonné avec leurs ancres et leurs grappins. 
Tout ce que je croyais acquis a été réduit en cendres. Dans quelques jours, j’en aurais fini avec cette île qui a dévoré ma vie. Fini avec cette île dont je suis le dernier gardien et le premier prisonnier. Fini avec cette île, alors que je ne sais presque rien du reste du monde. Je n’emporte que deux valises et quelques pauvres meubles. Des malles de souvenirs. Ma vie. « 
Novembre 1954. John Mitchell, membre du Service Fédéral de l’Immigration est le dernier gardien du camp de transit d’Ellis Island.
« Je suis aujourd’hui le capitaine d’un vaisseau fantôme, livré à ses propres ombres. »
Avant sa fermeture définitive et son retour à Manhattan, John décide de transcrire sous la forme d’un journal de bord les souvenirs marquants de sa fonction.
« Servir son pays prend parfois d’étranges aspects, on ne décide pas toujours du visage que l’on présente à autrui. »
Il y décrira ses rencontres avec les deux femmes – au style foncièrement différent – qui marqueront son existence, mais aussi ses cas de conscience face aux condamnés à l’exil.
 » Et j’ai vite réalisé que l’exercice d’un pouvoir, d’une autorité, si minime et dérisoire soit-elle, s’accompagne de silence, de solitude et de réserve quant à l’expression de ses sentiments. »
Tous ces hommes et toutes ces femmes obnubilés par le « rêve américain » pour sortir d’une misère extrême, vont finalement, s’apercevoir de la difficulté d’atteindre cet Eldorado.
« Ici, la sanction est cruelle, et il n’y en a qu’une. La pire qui puisse leur être infligée, l’Amérique leur demeure porte close. »
Sur un sujet brûlant ô combien d’actualité, Gaëlle Josse narre, avec une grande sensibilité les tourments d’un homme face à la question de la dignité humaine lors d’une tragédie qu’est celle de l’exil.
« Cette exégèse dévoyée des types raciaux, cette approche anthropométrique, m’ont toujours laissé perplexe. »

https://www.franceculture.fr/oeuvre-le-dernier-gardien-d-ellis-island-de-gaelle-josse

https://www.pagedeslibraires.fr/livre-6243/le-dernier-gardien-d-ellis-island.html

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