Fief

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Radical ce premier roman de David Lopez, publié aux Editions du Seuil. Très remarqué lors de la rentrée littéraire 2017,  » Fief «  aura au moins eu le mérite de faire parler de lui.
Le jeune romancier, formé au rap, y fait le récit de la vie de Jonas et de ses copains, dont le fief est planté en zone périurbaine.
Entre parties de cartes, de spliff et d’alcool et  de séances d’entraînement à la boxe, Jonas et ses copains tuent le temps…et le lecteur !
p. 46 :  » Ça ne fait pas une heure que je suis là que déjà je me sens dans mon élément. L’ennui, c’est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s’amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d’être frustrés, mais l’essentiel pour nous c’est de rester à notre place. Parce que de là où on est on ne risque pas de tomber. « 
Effectivement, on sent que ça n’est pas l’ambition qui va les étouffer…
Jonas vit seul avec son père, chômeur, et fumeur de shit lui aussi. Au moins le cadre est posé !
p. 221 :  » Mon père, je fais tout pour lui être agréable, pas encombrant. J’y arrive plutôt bien, même si la plupart du temps ça implique de ne tout simplement rien se dire. « 
Et donc l’ensemble du roman (?) est basé sur ces journées où le temps ne passe pas, et où il ne se passe… rien !
Après un démarrage extrêmement difficile dans lequel ma ténacité a été mise à rude épreuve, un passage sur Barjavel attire mon attention…
p. 121 :  » Chez Barjavel ce sont souvent des récits post-apocalyptiques, où le monde est à réinventer. Il a cette façon de toujours mettre l’amour au centre, comme principe de réactivation du monde, comme si son absence avait précipité la fin des temps. Comme s’il fallait mourir pour revenir à l’essentiel. « 
Voilà, je me suis dit, le meilleur reste à venir, tout simplement ! Et là, au milieu de cette langue à laquelle je n’accroche ABSOLUMENT pas, je vois écrit « Candide » de Voltaire. Une lueur d’espoir surgit en moi ! Je me concentre donc. Je parcours les mots, les lignes et… je me défais petit à petit. Quel massacre !
Et pourtant, on sent dans certains passages qu’il y aurait matière à développement.
p. 236 : « Ils cherchent à me transmettre cette rage, cette envie de violence, ce désir de détruire, et moi je lève les yeux vers eux, sourire en coin, parce qu’ils me font plus rire qu’autre chose. Je pourrais faire ça pour eux. Ça aurait du sens. Leur montrer qu’on peut se battre. Lutter pour devenir meilleur. Qu’on n’est pas prédestinés. Que le travail peut mener à la récompense. « 
L’auteur aborde des thèmes essentiels dans notre société actuelle, tels que la différence des classes sociales, et par conséquence l’inégalité des chances. Mais pourquoi utiliser un langage qui dénote autant, qui creuse encore plus le fossé ? Pour créer une prise de conscience réelle sur cet état de faits, n’aurait-il pas été plus judicieux que l’écriture soit accessible à tout un chacun….?
Mais, au profit de l’auteur, je dois avouer que la publication de ce roman était un sacré pari. Concrètement, on adhère ou on n’adhère pas. Il n’y a pas de juste milieu. Je ne pense pas avoir besoin de préciser de quel côté je me situe.

Note : 2/5

https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/romans/david-lopez-prix-du-livre-inter-pour-fief-274293

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