Ne préfère pas le sang à l’eau

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Aussi puissant que ses deux précédents romans, Céline Lapertot, publie en ce début d’année  » Ne préfère pas le sang à l’eau » aux Editions Viviane Hamy.
p. 96 :  » L’humanité ne regarde jamais, même le plus grand de ses trésors, l’eau, la terre, le feu, quand il danse chaque jour sous son regard. « 
Située dans un avenir que l’on peut imaginer proche, l’histoire se déroule dans un village imaginaire du nom de Cartimandua. La Terre promise. Lorsqu’au fil des années l’eau a commencé à manquer, on y a fait construire dans ce tout petit pays industrialisé, une des plus grande citerne de réserve d’eau au monde. Particulièrement convoitée, ce trésor est très envié par des milliers de gens jusqu’à l’autre bout de la planète.
Dans une narration à plusieurs voix, on y retrouve notamment Thiego, qui, par les mots a tenté de bousculer le système dictatorial en place.  Emprisonné, il nous fait le récit de l’évolution de sa situation.
P. 19 :  » On meurt pour des idées, voilà ce que j’ai dit à Tristan lorsqu’il a souhaité nous rejoindre. Fais attention à ce que tu écris, on en meurt. « 
Parallèlement, c’est aussi l’histoire de la petite Karole que l’on suit. Réfugiée à Cartimandua avec sa famille, elle a quitté son pays pour trouver cette eau si précieuse. Mais les « nez-verts » comme on les surnomme ne sont pas les bienvenus. La dictature en place leur impose par conséquent un rationnement.
Mais à peine a-t’elle avalé son premier verre d’eau que la citerne explose ! Accident ou complot, ce véritable tsunami charrie les corps et les décombres, emportant tout sur son passage, et laissant les habitants totalement abasourdis.
P. 61 :  » Ça te stupéfie, un adulte mort. Mais un enfant, ça te désespère. Jusqu’à la fin de ta vie. « 
Volontairement cinglante, l’écriture est aboutie et maîtrisée, et la construction élaborée. L’auteure aborde ici une problématique on ne peut plus contemporaine, qu’est la raréfaction des ressources en eau potable, appuyée dans ce roman par une dictature qui censure tout acte de rébellion.
De style philosophique à forte tendance dystopique, on frôle la réalité malgré tout. Et c’est avec quelques frissons que l’on parcourt ce roman.
La distance imposée par l’auteure vis-à-vis de ses  personnages provoque indubitablement une identification du lecteur à travers eux. Un roman qui pose question sur notre rôle à chacun dans notre rapport à la consommation de l’eau, mais également dans notre rapport face à ceux qui en manque.
Une belle prise de conscience !
P. 136 :  » Quelle vie m’attend, là-bas, à quelques tout petits kilomètres que je parcours lentement. Il en aura fallu du sang, pour qu’on comprenne que l’eau, ça se partage. « 

Note : 4/5

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