Le Quai du Shogun

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» Elle connaissait bien l’aéroport de Tokyo-Haneda, où elle guidait souvent des groupes français et européens. Pour une fois elle arrivait seule : sans touristes, sans jeunes et sans retraités. Elle se laissa porter par les trottoirs roulants qui, dans un décor doux et feutré, menaient du terminal d’arrivée à l’office sanitaire et au contrôle des frontières. Elle tendit son passeport rouge à l’agent d’immigration, qui le présenta à un lecteur biométrique caché et le lui rendit sans mot dire. Une lueur qu’elle connaissait bien avait traversé le regard de l’homme. Il le détourna aussitôt. L’ancienne activiste pro-Corée du Nord restera toujours dans leurs fichiers, pensa-t-elle avec un haussement d’épaules en se dirigeant posément vers les carrousels à bagages. «

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Je tiens à remercier François des éditions Envolume pour l’envoi du roman  » Le Quai du Shogun «  ainsi que pour sa confiance dans mon retour de lecture.
Premier roman de Louis Claudon, ce thriller japonais est paru en mars 2020 aux éditions Envolume. Comme le précise son ami Richard Collasse dans sa préface, il est plutôt surprenant voire atypique qu’un ingénieur de formation écrive un thriller. Mais lorsque l’on s’intéresse au parcours de Louis Claudon, qui vit au Japon depuis plus de 40 ans, on comprend mieux son enthousiasme de faire se dérouler l’intrigue dans ce pays si culturellement méconnu pour nous, occidentaux. Il y a rajoute ainsi une pointe de curiosité.

Lorsqu’un corps est retrouvé sans vie dans la chambre d’hôtel Hilton Tokyo Odaïba dans laquelle séjournait le célèbre et controversé professeur Charles Delongeais, les services de sécurité sont sur les dents.
p. 42 :  » – S’il a disparu, s’il a été enlevé ou s’il lui est arrivé une chose grave, les médias vont s’en emparer. Ils pourront être sévères envers les pouvoirs publics français, qui ne l’ont, diront-ils ni couvert ni protégé pendant son séjour à Tokyo. « 
Léo Creuzier, fraîchement nommé attaché de presse à l’Ambassade de France au Japon et Aurélie Majorien, journaliste spécialisée, se retrouvent malgré eux au cœur de l’enquête.
L’enlèvement supposé du professeur Delongeais dans sa chambre d’hôtel a-t-il un lien avec la conférence internationale à laquelle il a participé la veille avec cinq autres experts renommés venus des Etats-Unis, de France et de Suisse sur l’avenir de l’intelligence artificielle ?
p. 25 :  » – Il est comment ce célèbre professeur? demanda-t-elle.
– Conforme à sa réputation : imprévisible. « 
D’autres pays tels que la Corée du Nord courtiseraient-ils les compétences de Delongeais au point de le faire enlever ?
p. 61 :  » – Concernant les inquiétudes de Delongeais, je ne sais pas bien. On a les risques associés à la mise au point du matériel nanométrique requis pour le développement des capacités d’intelligences artificielles futures. Delongeais a toujours plaidé pour un traité international mettant en place de sévères règles de sécurité.L’issue du débat est difficile à prévoir car peu d’Etats veulent se lier les mains.Et en supposant qu’on y parvienne, il faudrait que tous les acteurs respectent les règles. De plus, certains Etats ne seront pas signataires dès le départ. « 
La présence  dans la  chambre d’hôtel  du Hilton  de  Delongeais  d’une  ancienne activiste soupçonnée  d’être un agent nord-coréen aurait-elle un rapport avec ses travaux encours ?
p. 109 :  » – Les robots autoreproducteurs nanométriques seront dangereux s’ils prélèvent en aveugle dans leur environnement la matière indispensable à leurs tâches et à leur reproduction, répéta le collaborateur. Le professeur Delongeais nous a souvent mis en garde contre des développements mal gérés et éventuellement malintentionnés. S’il a été enlevé, c’est peut-être pour lui soutirer des informations qui ne doivent en aucun cas tomber entre des mains criminelles. « 

Tous les ingrédients sont présents dans ce thriller japonais pour maintenir le lecteur en tension. La maîtrise de l’espace géographique, de la difficulté des relations internationales et diplomatiques, la notion d’enjeu scientifique, et un amour de jeunesse qui refait surface de manière inattendue confèrent au récit une réelle authenticité. Dépaysement et suspens garantis !

Note : 3/5

Auteur : Louis CLAUDON

Année de parution : 2020

256 pages 

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Le quai du shogun de Louis Claudon - Éditions Envolume

 

 

Un couple irréprochable

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 » En un instant, j’étais devenue celle que j’étais censée être depuis le début : l’épouse qui ment pour protéger son mari. J’ai bien failli ne pas entendre toquer à la porte d’entrée. J’avais ôté le heurtoir de cuivre douze jours plus tôt, comme si c’était suffisant pour empêcher d’autres journalistes de se présenter chez moi à l’improviste. Quand j’ai fini par identifier l’origine du bruit, je me suis redressée dans mon lit et j’ai récupéré la télécommande pour couper le son de la télévision. Luttant contre l’instinct qui me poussait à ne plus bouger, je me suis levée pour aller écarter les rideaux devant la fenêtre de ma chambre. Éblouie par la lumière de l’après-midi, j’ai plissé les yeux.  « 

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Je remercie les éditions Presses de la Cité et Babelio pour l’envoi de ce roman. Reçu dans le cadre d’une masse critique privilégiée, il est une des très belles surprises de la rentrée littéraire pour ma part. Publié donc en ce mois de septembre 2019 aux éditions Presses de la Cité,  » Un couple irréprochable «  est le dernier thriller de l’auteure américaine Alafair BURKE.
D’instinct le titre m’a interpellée. Je me doutais bien que derrière cette porte close affichée sur la couverture, se cachaient d’effroyables secrets…
Angela est une épouse et une mère comblée. Mais en apparence seulement. Car lorsque son parfait mari, le célèbre Jason Powel, auteur d’un livre à succès, PDG du cabinet FSS Consulting et professeur d’économie se retrouve accusé d’agression sexuelle, c’est tout leur monde qui s’en trouve chaviré. Jusqu’où peut aller la confiance inconditionnelle dans un couple ?
p. 12 :  » – Vous êtes sûre de bien connaître votre mari, Angela ?
-Je sais qu’il est innocent, en tout cas.
-Vous n’êtes pas seulement un témoin. Vous le couvrez, ce qui signifie que je ne peux pas vous aider. Un conseil : ne laissez pas Jason vous entraîner dans sa chute, votre fils et vous. « 
Alors que la victime Rachel Sutton préparait un master d’économie à NYU, ce stage dans le cabinet de Jason devait lui rapporter des crédits.
p. 59 :  » Les professeurs avaient tout le temps des conflits avec les étudiants, mais la situation se révélait plus compliquée parce que Jason était un personnage public. Et que cette personne cherchait sans doute à attirer l’attention à ses dépens. « 
Quelles sont les raisons qui poussent Angela à protéger ainsi son mari ? Quel secret tente-t-elle de protéger ? Ce sont les questions auxquelles l’inspectrice Carrole Duncan va se retrouver confronter. Au gré des révélations publiques, Jason va devoir confesser à son épouse ses erreurs.
p. 18 :  » – Au fait, il m’est arrivé quelque chose d’un peu bizarre aujourd’hui. « 
Alors qu’une nouvelle victime accuse Jason, Rachel Sutton disparaît.
Le poids des secrets est dans ce roman sans pitié ! Majestueusement construit, ce thriller psychologique est totalement addictif ! L’intrigue est brillamment menée, mettant à mal notre notion d’empathie. Alafair BURKE déconstruit petit à petit le concept de la conscience, de la morale et de la culpabilité à travers son personnage central. Le lecteur se fait ballotter d’un sentiment à l’autre, jusqu’au dénouement final. Je tiens particulièrement à mettre en avant le travail de traduction d’Isabelle Maillet.

p. 412 : « On prend les décisions q’u’il faut au moment où il  le faut, et ensuite on va de l’avant. C’est une question d’instinct. De survie. « 

Note : 4/5

Auteure : Alafair BURKE

Année de parution : 2019

430 pages 

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Sans lendemain

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 » – N’allez pas dans l’Arkansas, me dit le propriétaire du cinéma à Kansas City. J’étais en train de décharger les boîtes d’un film intitulé Secrets of a Sorority Girl du coffre de ma voiture. Je me redressai :  – Quoi ? Le vieux bonhomme passa la tête par la porte de service et cracha un jet de tabac très vaguement en direction d’une poubelle.  – Vous n’avez pas dit que vous partiez pour les Ozarks ? – Ouais, c’est mon prochain arrêt. Le vétéran se gratta le menton. – Vous devriez éviter l’Arkansas. Une fille seule dans ce coin-là, vous pourriez bien avoir des ennuis.  « 

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Ce n’est pas une surprise si le roman de Jake HINKSON  » Sans lendemain  » a reçu le Grand Prix de la Littérature Policière – Etrangère en  2018. Traduit de l’américain par Sophie Aslanides, ce roman noir addictif est publié en 2019 aux éditions Gallmeister. Jake HINKSON est originaire de l’Arkansas. Né en 1975, ce fils de prêcheur baptiste découvre en cachette à quatorze ans le roman policier. Les deux obsessions de ses jeunes années – la religion et le crime – l’habitent encore aujourd’hui. Il vit à Chicago, où il passe le plus clair de son temps à écrire et à fréquenter les salles de cinéma.
A la fin de la guerre, en 1947, les américains n’aspirent qu’à une chose : rêver d’un monde meilleur. Et pour se faire, Billie Dixon sillonne les routes pour tenter de vendre des films de seconde zone dans les bleds les plus paumés des Etats-Unis. Chargée de la distribution des Etats du Sud pour PRC depuis quelques semaines à peine, Billie réalise que les mentalités, quant à elles, n’ont pas vraiment évoluées, notamment lorsque le propriétaire du cinéma de Kansas City lui prédit des difficultés à venir…
p. 13  » – Vous devriez éviter l’Arkansas. Une fille seule dans ce coin-là, vous porriez bien avoir des ennuis […] Je vais vous dire, là-bas, c’est un autre monde, Billie. C’est là que le Midwest s’arrête et que le Sud commence, et elle n’est pas jolie la transition. « 
Sans tenir compte des recommandations qui lui ont été faites, Billie arrive enfin dans l’Arkansas. Lorsqu’elle rencontre le propriétaire du cinéma, Claude Jeter, celui-ci lui explique qu’il ne serait pas contre le fait d’investir et de projeter de nouveaux films. Mais la difficulté serait de convaincre le pasteur du coin.
p. 22 :  » – Mon problème numéro un, c’est l’homme d’Eglise qui vit de l’autre côté de la rivière, là-bas, qui a la plus grande église du coin ; il a décidé que les films étaient l’œuvre du diable. « 
Claude lui propose alors de rencontrer Obadiah Henshaw, le pasteur, pour tenter de lui proposer un accord financier, en échange de ne plus dissuader les habitants de se rendre au cinéma. Comprenant que cet accord est également dans son intérêt, Billie se rend chez le pasteur.
Lorsqu’elle rencontre le pasteur, elle est d’abord surprise de voir que l’homme est aveugle, blessé durant la guerre. Mais sa plus grande surprise est de faire la connaissance de la femme du pasteur : Amberly.
p. 49 :  » – J’ai vu des choses d’une beauté fabuleuse, dis-je. Des hôtels en marbre, des piscines aussi grandes et bleues que le ciel. J’ai vu des millionnaires, des stars de cinéma et des mannequins, mais je n’ai jamais rien vu de plus beau que la femme qui se tient devant moi. « 
Billie se voit invitée par cette dernière en l’absence de son mari. Ne sachant comment interpréter cette demande, Billie ne peut cacher son trouble.
p. 51 :  » […] je ne connaissais que trop bien ce jeu-là. Le flirt vain qui ne menait à rien. J’avais déjà vu ça. Certaines personnes aiment approcher au plus près de ce qu’elles désirent de manière à ressentir, ne serait-ce qu’un instant, la brûlure de sa concrétisation imminente, avant de faire machine arrière sans avoir été souillées par l’acte. « 
Une troisième femme d’influence va tenir un rôle essentiel dans le déroulement de l’intrigue : Lucy Harington. Elle et son frère Eustace sont chargés de faire respecter la loi à Stock’s Settlement. Or, le drame qui se prépare va faire interagir ces trois destins de femme.
 » Sans lendemain «  est un sublime polar, où les femmes ont une place essentielle dans un contexte qui ne leur en laisse guère ! Et c’est sur cette ambivalence que joue l’auteur tout au long du récit.  Une belle découverte, mêlant des sujets ô combien toujours criant d’actualité…

 » Il n’y a pas de retour possible. Il n’y a pas d’hier. Il n’y a pas de demain. Il n’y a qu’aujourd’hui. Chaque jour qu’on vit est un jour de moins qui nous sépare de la mort. «  Crashout (1995)

Note : 4/5

Auteur : Jake HINKSON

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sophie ASLANIDES

Année de parution : 2019

224 pages

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L’inconnue de l’équation

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 » Un jour, maman m’a dit :  » Dans la vie, on peut être qui l’on veut. Notre destin nous appartient.  » Je me suis toujours posé la question de ce que j’aimerais faire plus tard : que faut-il pour être heureux ? A quoi tient le bonheur ? Qu’est-ce qui, demain, me donnera le sourire chaque fois que je poserai le pied par terre en sortant de mon sommeil ?  Toutes ces questions se bousculaient dans mon esprit. Parfois, une idée prenait forme, puis s’évanouissait pour laisser place à une autre. Indécise… Oui, je pense que ce terme me décrit parfaitement. Mais, bons ou mauvais, assumons-nous nos choix ?  » 

L'inconnue de l'équation

Je remercie particulièrement Joël Maïssa des éditions Taurnada pour l’envoi de ce thriller.
Xavier Massé signe ici son second thriller. Avec  » L’inconnue de l’équation «  publié en ce printemps 2019 aux éditions Taurnada, l’auteur tisse sa toile, avec pour seul dénominateur commun : le suspens !
Les premières lignes sont saisissantes d’effroi. François et Juliette, un couple pourtant amoureux et solide, se déchire et finit pas s’entretuer sous les yeux impuissants de leur fils Julien et une inspectrice de police, avant que leur maison ne s’enflamme subitement.
Les inspecteurs Migue et Dida de la police judiciaire de Lyon, sont chargés de l’enquête.
p. 19 :  » – Pour le moment, ce qui est sûr d’après le premier retour de cette flic, c’était que le couple était en phase de déchirement total, plus rien n’allait entre eux. Ça serait ça, l’origine du drame. « 
Si, à première vue,  l’affaire semble une banale histoire de différend familial, elle va se révéler bien plus complexe, mettant leurs nerfs mais surtout leur patience à rude épreuve.
Légèrement blessée lors de son intervention, l’inspecteur Amandine Binger est interrogée dans les locaux de la police. Son témoignage semble essentiel pour l’avancée de l’enquête.
Mireille, la mère de François et la grand-mère de Julien, est interrogée simultanément dans une autre pièce. Elle est actuellement le dernier membre de la famille a pouvoir aider les inspecteurs à comprendre le motif du drame.
p. 26 :  » Madame Conut, votre petit-fils, pour ce que j’en sais, n’est pas au service des grands brûlés ; il est en soins intensifs parce qu’il a reçu une balle en pleine poitrine. « 
Mireille explique alors aux enquêteurs, que depuis l’agression de son fils François il y a quelques années, Juliette n’est plus la même. Dans le coma pendant près de six mois, François tentait tant bien que mal de reconstruire le puzzle de sa vie. Proche de sa mère, il se confiait régulièrement à elle, notamment au sujet de son couple.
p. 15 :  » Mireille n’était pas dupe de la situation ; elle savait que quelque chose n’allait plus entre François et Juliette. « 
Si les méthodes d’interrogatoire de l’inspecteur Dida sont brusques et maladroites, en revanche, celles de Migue sont plus réfléchies et expérimentées. Chacun de leur côté, ils tentent d’obtenir de précieuses révélations. Mais l’affaire se complexifie. Ils savent qu’ils n’ont que quatre pour interroger les deux seuls témoins, au-delà de ce laps de temps, Mireille et l’inspecteur Binger seront relâchées par manque de charges.
p. 146  » […] moi, ça ne me va pas du tout… Plus on avance, plus on s’enfonce ! Il y a quelque chose qui ne va pas…  »
Infidélité, règlement de compte, problèmes d’argent, … aucune piste n’est laissée au hasard.
Ecrit sous forme de roman choral, ce court thriller psychologique est haletant et ne se joue que sur quelques heures. Faire entendre les voix de chacun des protagonistes est un choix percutant de la part de l’auteur. L’intrigue est plutôt bien travaillée, même si pour ma part certains passages sont un peu tirés par les cheveux, et manquent de réalisme. Le style est intéressant, mais l’écriture parfois maladroite, notamment dans les dialogues entre les inspecteurs. En conclusion, il y a du potentiel et de la matière, mais je n’ai pas été plus embarquée que cela… l’ensemble semble trop improbable.

p. 11 :  » Qu’importe le contexte, les choix que nous faisons – avec ou sans l’avis d’autrui – sont de notre propre responsabilité. « 

Note : 3/5

Auteur : Xavier MASSE

Année de parution : 2019

238 pages

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Solar Max

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 » Des incapables. Des putains d’enfoirés d’incapables. Sitôt la communication coupée, Victoria s’était saisie du vase posé sur la table basse pour le projeter à terre, de toutes ses forces et à deux mains. Elle avait lâcher un cri de rage, les poings fermés et tous muscles tendus, jusqu’à ce que ses yeux captent dans le miroir du salon le reflet de son visage écarlate, déformé par une expression de haine paroxysmique. Elle s’était instantanément calmée, avait respiré à fond et rejoint la terrasse en contournant les débris de cristal. En observant la baie de San Francisco, elle avait repris peu à peu le fil de ses pensées articulées, maîtrisées. Avec toujours cette prodigieuse colère, intacte, installée derrière le paravent de ses réflexions logiques et froides. Cette colère qui était son moteur, sa principale force, le carburant qui alimentait son ambition . «   

Solar Max

Je remercie Pierre-Jean Verhoye, pour l’envoi de son dernier roman.
Après  » No Trace «  , Coup de cœur de Gilles Legardinier et Grand Prix Femme Actuelle 2018, Pierre-Jean Verhoye revient avec  » Solar Max «  publié en fin d’année 2018. Dans une suite très rythmée, le lecteur retrouve les personnages du premier tome. L’héroïne Raja retrouvera-t-elle enfin sa fille Juliette ?
Août 2030. Victoria Banks Melville vit à Miami avec ses deux filles adoptives, Juliette et Alice. Depuis 2015, cette femme riche et influente n’a qu’une obsession : retrouver Raja Connor, celle qui est à l’origine du fiasco de ses opérations. Mais ses recherches restent vaines, jusqu’à ce qu’elle fasse un étrange rapprochement.
p. 90 :  » […] derrière Louise Eiberg se cachait une femme qui avait mystérieusement disparu ce jour-là : Raja Connor. La mère biologique de Juliette. « 
Cette dernière vient de publier une découverte scientifique qui risque de bouleverser l’industrie pharmaceutique et compromettre les nouveaux projets de Victoria. Elle doit donc tout faire pour la retrouver et l’éliminer une bonne fois pour toutes !
p. 18 :  » […] elle voulait tout savoir sur Louise Eiberg et sur cette fondation No Trace. « 
Depuis la disparition de sa fille Juliette, Raja a élevé ses deux autres filles clonées, Mona et Lisa, avec l’aide de Goran, l’ancien flic dont elle est tombée amoureuse.
p. 55 :  » Elle adorait les jumelles, bien sûr. Et, bien sûr, elles étaient intimement liées comme mère et filles. Mais une distance entre elles s’était mise en place au cours des premières années, qui perdurait à ce jour. Cette distance qui expliquait que Raja continuait de les observer comme deux sujets d’étude. Comme les enfants de quelqu’un d’autre.  »
Mais au cinquième anniversaire des jumelles, l’entente entre Raja et Goran s’est étiolée, jusqu’à ce que ce dernier décide de partir.
p. 78 :  » De son côté, Raja était naturellement devenue la présidente de la Fondation No Trace. Depuis sa création en 2019, cette organisation scientifique couvait deux projets majeurs : celui de la mémoire de l’eau, auquel Raja vouait toute son énergie depuis son arrivée à la ferme, et celui des signatures EM, placé sous la responsabilité de Thomas, et sur lequel Raja collaborait régulièrement. « 
Au même moment, Elizabeth, la mère de Raja, a fondé un centre d’accueil à Cuba pour enfants autistes, parfois même légèrement schizophrènes, mais qui avaient la particularité d’être, depuis leur plus jeune âge, connectés au Psycosme. Dotée de cet étrange pouvoir, Elizabeth consacre tout son temps à ces enfants, et n’hésite pas à organiser une opération commando pour récupérer l’un d’eux, dont elle ressent leur appel de détresse.
Théau l’a rejointe en 2022, après le décès de sa compagne Sonia, suite à un cancer foudroyant. Il n’avait mis que quelques semaines pour démissionner de ses fonctions de directeur financier de MyEn. Plongé dans une sévère dépression depuis, il avait répondu positivement à l’invitation d’Elizabeth de la rejoindre à Cuba. Depuis, ils forment un couple très soudé. Petit à petit, il avait pris ses marques au Centro.
p. 29 :  » Les propriétés du Psycosme demeurait un sujet d’émerveillement pour Théau. Depuis ses premières excursions dans cet envers du monde réel, au début de l’année 2016, il l’avait adopté dans son fonctionnement interne, intégré dans son quotidien comme une nouvelle dimension. Pour lui, le Psycosme était autant un moyen de communication qu’un lieu à part entière, dont il poursuivait la cartographie en explorateur, aidé par les intuitions d’Elizabeth, qui continuait d’être une guide parfaite. « 
Mais en 2030, le réchauffement climatique et ses dérèglements font peser un risque évident sur la planète. Le risque d’une tempête solaire semble imminent, faisant craindre une panne géante de tous les systèmes électriques, et privant tous les habitants du monde de connexion informatique. Comment le monde va réagir fasse à ce dysfonctionnement aux conséquences incommensurables ?
Au moment d’embarquer dans son jet privé, Victoria reçoit un SMS qui va bouleverser le cours de la vie de chacun des protagonistes, de manière irréversible.
p. 92 :  » Maman, tu ne devineras jamais avec qui j’avais rendez-vous ce matin, avec deux françaises, elles s’appellent Mona et Lisa, elles me ressemblent comme deux gouttes d’eau, c’est dingue ! On va passer un peu de temps ensemble. Je vais t’envoyer une photo, tu vas voir, c’est hallucinant ! « 
Comment Raja réagira-t-elle de son côté, lorsqu’elle apprendra que ses jumelles sont parties rejoindre leur sœur aînée, qu’on lui enlevée il y a une quinzaine d’années ?
Ce second tome est riche en rebondissements ! Quel plaisir de retrouver les personnages que le lecteur avait quitté à la fin de  » No Trace « , laissant de nombreuses questions sans réponses. Cependant, je n’ai pas été autant emballée par cette suite. Le saut dans le temps m’a paru excessif, et extrapole l’aspect scientifique. On est totalement tombé dans la science-fiction, un domaine de lecture auquel je reste hermétique.

 » Nous sommes si infirmes, si désarmés, si ignorants, si petits, nous autres, sur ce grain de boue qui tourne délayé dans une goutte d’eau. «  Guy de Maupassant, Le Horla

Note : 3/5

Auteur : Pierre-Jean VERHOYE

Année de parution : 2018

536 pages 

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Sur le toit de l’enfer

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 » Une légende pesait sur cet endroit. De celles qui s’accrochent aux lieux, comme une odeur persistante. On racontait qu’en plein automne, avant que les pluies ne se transforment en neige, le lac de montagne relâchait de sinistres exhalaisons. Elles s’échappaient de l’eau comme de la vapeur et remontaient les pentes avec la brume matinale, aux heures où le ciel se reflétait dans le bief. C’était le paradis qui se reflétait dans l’enfer.  « 

 

sur le toit de l'enfer

Jamais ils n’auraient du s’aventurer dans cette partie de la forêt…En créant un nouveau domaine skiable dans ce petit village de Travenì ils allaient réveiller la monstruosité d’un tueur en série.  » Sur le toit de l’enfer «  de Ilaria Tuti est un roman publié aux éditions Robert Laffont dans la collection La Bête Noire en 2018, véritable révélation italienne !
En 1978, aux abords de la frontière italo-autrichienne, dans une école transformée en orphelinat, Magdalena, une nouvelle infirmière, découvre l’insoutenable quotidien d’enfants livrés à des expériences médicales… La règle y est pourtant simple : « Vois. Observe. Oublie. »
p. 12 :  » Elle plongea la main dans la poche de son uniforme. Ses doigt effleurèrent le tissu rêche de la cagoule. Elle la sortit et se l’enfila sur le visage. Une fine résille protégeait aussi les yeux, voilant le monde extérieur. C’était le règlement. « 
Aujourd’hui. Lorsque la commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, arrive sur les lieux d’un nouveau crime, dans les montagnes sauvages du Frioul en Italie, elle ne peut que constater la singularité de la scène : la victime, dépouillée de ses vêtements, a été méticuleusement  entourée de pièges pour empêcher les animaux de s’approcher, et est gardée par un épouvantail recouvert des vêtements ensanglantés de la victime. Le profil psychologique du tueur s’avère complexe, et laisse la commissaire Battaglia – dont le professionnalisme n’est plus à prouver – perplexe.
p. 47 :  » – Je ne réussis pas à le cerner, et c’est la première fois que cela m’arrive. Je ne parviens pas à me faire une idée de l’individu auquel je suis confrontée. « 
Après identification par le médecin légiste, la victime se nomme Robert Valent. Il était ingénieur civil et responsable du chantier de création d’un nouveau domaine skiable à Travenì…
À la difficulté de cette nouvelle enquête vient s’ajouter l’arrivée maladroite d’une nouvelle recrue : l’inspecteur Massimo Marini. Investi dans sa nouvelle mission, il enchaîne les bourdes auprès d’un commissaire acariâtre et exigent ! Mais au fur et à mesure, Teresa se confit sur les raisons de son mal être.
L’événement qu’elle appréhendait se produit pourtant. Un deuxième corps est retrouvé, mutilé mais vivant ! Pourquoi ? À la fois brouillon et méthodique, désorganisé mais lucide, l’enquête semble se tourner vers un tueur en série. Mais la dimension rituelle de son mode opératoire semble totalement inédit et balaye toutes les études psychologiques quant à son profil.
p. 84 :  » La criminologie […] c’est de l’interprétation. C’est de la probabilité, de la statistique. Jamais une certitude. « 
Ils devaient trouver au plus vite l’assassin et arrêter la traînée de sang qu’il laissait derrière lui. C’est alors que  le témoignage  des enfants du village va se révéler déterminant quant à l’avancée de l’enquête en délivrant la pièce manquante au macabre puzzle. Car ces enfants constituaient une entité, une famille les uns pour les autres. C’est pourquoi ils protégeaient leur secret.
p. 238 :  » – Je crois que ce que les victimes ont en commun, ce sont eux, dit-elle finalement. Les enfants. « 
Si l’intrigue est intelligemment menée, je mets un petit bémol sur la longueur de certains passages. Les allers-retours entre passé et présent constituent la base de ce roman. La commissaire Battaglia est sans conteste le personnage à part entière de ce thriller psychologique. À la fois détestable et attachante, elle mène le lecteur comme elle mène son équipe d’enquêteurs : sans concession. Cependant, ce brin de femme si forte en apparence se confie dans un journal qu’elle décide de tenir pour parer à l’évolution de sa maladie. Sa carapace se fissure, laissant place à une détermination et une humanité bouleversantes ! Les faits historiques mentionnés dans ce roman ont été une réelle découverte pour ma part. En effet, l’expérience menée en 1945 par un psychanalyste autrichien  Spitz,  dont le but était d’observer les effets de la privation affective sur des nouveaux-nés, est édifiante et décrit une fois encore l’atrocité du nazisme.

 » N’oubliez pas, nous marchons en ce monde sur le toit de l’enfer en regardant les fleurs. » Kobayashi Issa

Note : 3/5

Auteure : Ilaria TUTI

Traduit de l’italien : Johan-Frédérik HEL GUEDJ

Années de parution : 2018

416 pages

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Le douzième chapitre

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 » Février 1986. Paul Vermont écoutait avec attention les calculs opérés par son comptable. Même s’il se doutait du contenu des résultats, jamais il n’aurait pensé que tout se serait accéléré de la sorte. En cinq mois à peine, son usine avait perdu plus de trente pour cent de sa clientèle. Ce que lui apprit son vis-à-vis ne le rassura nullement. La crise de la métallurgie frappait la région de plein fouet. Personne n’avait vu venir l’offre provenant des pays de l’Est. Le cahier des commandes s’essoufflait et la mise en vente discrète de l’usine n’avait pour l’instant attiré aucun repreneur. – Combien de temps ? demanda le directeur, le visage blême. – Six mois, peut-être huit. Les difficultés se sont multipliées, les banques ne nous suivront pas plus longtemps.  « 

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Je tiens tout particulièrement à remercier Jérôme Loubry pour l’envoi de son dernier roman.
 » Le douzième chapitre «  de Jérôme Loubry est  publié aux éditions Calmann Levy dans la collection Noir en cette année 2018. Lorsque le passé se rappelle douloureusement au présent, et que les mailles de l’intrigue se tissent sur la côte vendéenne, il ne m’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité !
 » L’assassin n’est pas obligatoirement celui qui tue. C’est aussi celui qui l’y encourage. « 
David Malet est devenu un écrivain célèbre, et Samuel son éditeur. Trente ans qu’ils partagent une amitié construite lors de vacances à Saint-Hilaire de Riez, station balnéaire vendéenne, lorsqu’ils étaient enfants.
Mais ce jour-là, Samuel semble très tendu lorsqu’il téléphone à David… En effet, il vient de recevoir une enveloppe kraft au contenu très énigmatique. Le sourd, le muet et l’aveugle sont les destinataires du récit d’un été bien particulier. Un été où tout a basculé.  Sur les conseils de son ami, David découvre au seuil de sa porte qu’il est également l’un des trois destinataires.
p. 26 :  » Et sans m’en douter, juste en me penchant pour attraper cette enveloppe, à l’apparence inoffensive, je saisis à pleine main mes malheurs les plus précieux. « 
Étrangement, ce témoin ponctue les chapitres de détails bien trop précis et personnels pour que David et Samuel le prenne à la légère… Reste à savoir qui recevra la troisième enveloppe… ?
Que s’est-il vraiment passé durant l’été 1986 ?
En février 1986, Paul Vermont, héritier des entreprises Vermont Sidérurgie, apprend de la bouche de son comptable, la fin imminente de l’usine familiale.
p. 12 :  » – Deux cent dix-huit salariés sur le carreau…
-Ce n’est pas votre faute, la conjoncture… « 
Les salariés ont l’habitude de se retrouver chaque été sur les plages de Vendée, où l’entreprise leur met à disposition des pavillons. David y retrouve  Samuel, échappant ainsi aux brutalités de son beau-père.  A douze ans, les garçons profitent de la plage chaque jour. Et c’est là qu’ils vont faire la rencontre de Julie, en vacances sur la côte avec sa Tatie.
p. 37 :  » La première fois que David vit Julie, ce fut le 15 août 1986 […] Julie intégra le duo avec un naturel désarmant. A croire qu’ils l’attendaient depuis toujours. « 
Très vite ils deviennent inséparables, et les prémices d’une idylle amoureuse naît entre David et Julie, jusqu’à cette terrible nuit…
p. 129 :  » La triste nuit de cet été 1986. La nuit où la pleine lune brilla pour la dernière fois au-dessus d’une maison hantée par la folie des hommes « 
Suite à une fuite, les salariés apprennent  la fermeture prochaine de l’usine. Déjà anéanti par le suicide de son épouse, Paul Vermont reçoit des menaces de mort.
Retour en 2017. Samuel demande à David de ne pas lire le chapitre douze du manuscrit avant qu’il le rejoigne. Ce chapitre semble avoir été personnalisé, en fonction du rôle de chacun d’entre eux durant cette fatidique nuit d’été 1986…
p. 185 :  » – La culpabilité, David ! Voilà ce qui transpire de mon chapitre douze, la culpabilité ! Celui qui a envoyé ce texte voulait que je me sente coupable de la mort de Julie. Cela fait presque trente ans que je la ressens, cette culpabilité, je n’ai pas besoin qu’un connard l’écrive noir sur blanc ! « 
David va mener sa propre enquête, risquant son couple et sa peau pour découvrir enfin la vérité sur ce passé qui le ronge de l’intérieur depuis si longtemps !
p. 284 :  » – Monsieur Vermont, je vous ai menti hier. Je ne suis pas venu simplement parce que des souvenirs remontent à la surface de ma mémoire. Quelqu’un les a fait remonter. On nous a écrit un texte sur ce triste été 1986. Et il semble que le meurtrier ne soit pas celui que la justice a mis en prison à cette époque. « 
Un exercice de style brillamment travaillé que ces allers retours entre passé et présent ! Là où le lecteur aurait pu s’y perdre, il ne fait qu’aviver sa curiosité ! Addictif et très rythmé, c’est un polar psychologique bien plus que physique, il traite également de la conjoncture économique et sociale à travers la condition ouvrière dans une région affectée par la crise.  La relation temporelle et l’impuissance des enfants qu’ils étaient en  1986 aux adultes d’aujourd’hui produit un attachement du lecteur aux personnages.  Un affect qui tient son rôle dans la manière dont le lecteur va appréhender le rebondissement final.
p. 164 :  » Je me reprochai mon silence de l’époque, mon manque de courage face aux adultes, ma surdité et mon incompréhension, mes pleurs et mes cauchemars…. « 

Note : 3.5/5

Auteur : Jérôme LOUBRY

Années de parution : 2018

360 pages

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Kaboul Express

Kaboulexpress

Sous ses traits juvéniles d’ange se cache un véritable monstre, une machine à tuer.
Zwak n’est âgé que de dix sept ans mais il s’apprête à perpétrer un attentat d’une ampleur inédite sur le sol français.
 » Kaboul Express « , publié en 2017 aux Editions Robert Laffont / La Bête Noire est signé Cédric Bannel.
Zwak n’est pas un enfant comme les autres. Il est dans son propre monde. Son QI nettement supérieur à la norme fait de lui une arme en puissance. Zwak Bradimandi est le cerveau de l’opération « Aube noire ». Mais dans cet Afghanistan dans lequel il a grandi, il n’a pas d’autre porte de sortie que celle de prêter allégeance à Daech.
p. 15 :  » Oui, il a fait l’allégeance à l’Etat islamique au Khorasan et il veut maintenant rejoindre l’Etat islamique en Irak et au Levant. […] Oui, il a élaboré un plan spécial pour frapper les infidèles, ces sales et méchants Français, plus fort qu’ils ne l’ont jamais été. « 
De par ces aptitudes scientifiques hors normes, il élabore un plan minutieux, via le réseau surnommé  » Kaboul Express ». Mais pour prétendre intégrer ce réseau géré par les fanatiques de l’Etat islamique, il faut montrer patte blanche et faire ses preuves.
p. 94 :  » L’effondrement du califat sous les coups de boutoir de la coalition exacerbe la folie meurtrière des djihadistes, pour autant que cela soit possible. « 
En effet, l’Etat islamique ne met pas à sa disposition des moyens aussi colossaux que ceux que réclament Zwak, sans tester sa véritable motivation et sa détermination à mourir en martyr.
p. 167 :  » Si sa haine a grandi au fil des années, elle peut avoir transformé l’adolescent en baril de poudre prêt à exploser. « 
Tous les services de renseignements français sont en alerte maximale. Mais la coordination des pays de la coalition et la communication entre les services internes sont complexes.
p. 288 :  » Depuis le début des attaques terroristes de Daech sur le sol européen, c’est la même chose : Allemagne, Italie, France, Hongrie, Roumanie… tous les pays sont dépassés par cette nouvelle menace multiforme qu’ils ont du mal à appréhender. A la désorganisation des pays de l’Est, s’ajoutent les problèmes juridiques de ceux de l’Ouest, handicapés par des législations protectrices des droits individuels héritées des tourments de leur propre histoire. « 
Alertés par leur agent de liaison à Kaboul, qui n’est autre que le qomaandaan Kandar, chef de la Crim de Kaboul, les services de la DGSI sont sur le qui-vive. A sa tête, Nicole Laguna, la cinquantaine, est une femme d’expérience dans l’antiterrorisme.
p. 58 :  » […] après ses années d’officier à la DGSE, elle a rejoint Interpol avant de passer vingt ans dans la police judiciaire, comme numéro deux, puis comme patronne de la Brigade nationale de recherche des fugitifs. Elle est l’un des flics les plus expérimentés de France. « 
La traque commence. La tension, étouffante, est palpable. Les minutes sont comptées. Aucune information n’est laissée au hasard, et tous les moyens – officiels ou officieux – sont bons pour les obtenir.
Du 18 avril au 2 mai, date choisie par Zwak pour lancer son attaque, la traque est insoutenable. Chacun connaît cette haine envers l’Occident et ceux à quoi ces fanatiques extrémistes sont prêts à faire pour atteindre leur cible.
p. 229 :  » Chez Daech, couper la tête de ses ennemis est l’équivalent de la décharge de chevrotines de la mafia italienne : une signature, presque une marque de fabrique. « 
Ils n’ont rien à perdre, car porter allégeance à l’Etat islamique c’est s’engager à mourir en martyr au nom de cette cause.
Alors quelle est la probabilité pour la DGSI de mettre la main sur Zwak et ses complices avant qu’ils commettent l’indicible ? Des millions de vies sont en jeu.
C’est un polar hors norme qui nous plonge de Kaboul à la Syrie, et de la Turquie à Paris. Oubliez cet Afghanistan décrite par les médias, cette immersion au cœur du Kaboul Express vous glacera le dos. Entre la détermination de Daech et la traque des services antiterroristes, le monde peut basculer à tout moment.

Note : 3/5

Auteur : Cédric BANNEL

Année de parution : 2017

325 pages

Entre deux mondes (4/5)

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Fuir… Espérer… Résister… Survivre… Sombrer ?

 Telles sont les cinq étapes de ce nouveau roman policier de Olivier Norek, parut en 2017.
L’histoire prend sa source à Damas, en Syrie, en 2016.
Adam, agent dévoué de la police militaire du régime de Bachar el-Assad, vit la peur au ventre de se faire dénoncer. En effet, son infiltration au sein de la police locale fait peser un risque terrifiant sur lui, sa femme Nora et sa fille Maya.
 » La dictature de Bachar el-Assad et la folie de Daesh, contre le peuple syrien désarmé. C’est à la suite de cette révolte pacifique, assassinée par l’armée, qu’Adam décide de s’impliquer. Refusant de n’être qu’un simple témoin de l’agonie de son pays, il fit allégeance à une cellule rebelle de l’Armée syrienne libre et devint un opposant au gouvernement de la manière la plus risquée. En s’infiltrant, via la police militaire. »
Après avoir assisté et participé à la torture d’un prisonnier, Adam sent que l’étau se resserre et décide de faire sortir sa famille de Syrie au plus vite.
Il assiste à leur départ et leur fait la promesse de les retrouver de l’autre côté de la Méditerranée, à Calais, le plus rapidement possible. le scénario, pourtant bien préparé, s’enrayera. le business des passeurs n’a pas d’égal avec le prix de la vie…
 » – C’est le minimum. Ils le chargeront à bloc. Comme pour toutes les traversées. Comptez plutôt sur trois cents personnes. Les places valent plus que de l’or, elles valent du sang. »
Commissariat de police de Calais. Juillet 2016.
Bastien Miller prend ses nouvelles fonctions au sein du commissariat suite à sa demande de mutation. Il espère qu’avec ce changement radical, les liens avec sa femme Manon – dépressive depuis le décès de son père – et sa fille Jade – adolescente – vont se resserrer.
Mais l’arrivée à Calais rime tragiquement avec la « Jungle ».
 » – le flux des migrants ne s’est pas arrêté avec la fermeture du camp de Sangatte en 2003. Il s’est évidemment poursuivi, sans nulle part où les accueillir, et avec toujours la même volonté de passer en Angleterre. Et donc, de rester pas loin des ports pour traverser la Manche. Résultat, ils se sont mis à squatter chaque maison vide, chaque immeuble abandonné, les jardins, les parcs, les ponts et c’est vite devenu invivable. Alors il a fallu trouver un endroit pour les parquer. le long de la côte, à l’écart du centre-ville, entre une forêt et les dunes, il y avait un ancien cimetière qui jouxtait une décharge. L’Etat a fait place nette à coups de bulldozer et on a invité les migrants à s’y installer il y a un an de ça. Au début, ils sont arrivés discrètement, une petite centaine de curieux tout au plus, l’info a traversé la planète et ils sont venus par milliers. La Jungle est née. »
Face à des collègues désabusés, Bastien va très rapidement se retrouver en lutte avec ses principes. En lutte avec sa conscience.
 » – Et votre job consiste en quoi ?
– J’aurais presque honte de le décrire. Faut le vivre. Mais personne ne veut le vivre. Nous, on y arrive à peine. »
Après la tragédie de l’exil, l’horreur de la Jungle…
 » – Tu crois qu’on a pas essayé au début ? Tu sais combien d’histoires identiques je me cogne depuis un an ? Deux ou trois opérations de chirurgie anale sur mineur par semaine. Parfois, ces gamins ont que leur cul comme monnaie d’échange pour traverser l’Afrique. Et c’est la même pour traverser la Manche vers l’Angleterre. Maintenant, vis avec ça. « 
Un roman profondément touchant sur le rapport à l’autre, à la différence. La méconnaissance des situations réelles dans les pays en guerre, nous fait porter des jugements souvent hâtifs et très arrêtés.
Le sujet était délicat. Mais le talent était là.
La progression de l’intrigue est parfaite. le sujet est maîtrisé. Les personnages très attachants. En apportant ses connaissances du terrain et des procédures, il pose un cadre particulièrement réaliste et concret.
Aborder le sujet des migrants de la Jungle de Calais, c’était prendre des risques. Olivier Norek, lui-même flic de profession, brise les idées reçues et balaye les certitudes.
Je suis convaincue que seule la littérature peut permettre une telle prise de conscience.