Vincent

Premières lignes....jpg Premières lignes…

 » – Et si on allait manger ce soir chez Mickey, hein ? Mon chéri ?

Il y avait toujours quelque chose de déconcertant dans les propos de sa mère qui le laissait sans réponse ou sans voix. Il ne s’autorisait pas à la reprendre et se contentait dès lors de la regarder avec cet air désolé et triste qui n’échappait pas à sa mère.

– Chez Mc Donald, oui, tu as raison, se reprit-elle, tu es grand à présent même si pour moi tu restes encore mon petit amour, et mon petit amour a toujours aimé Mickey.

– J’ai dix ans aujourd’hui, répétait Vincent.

– Et tu restes toujours mon amour.

Ils allaient chez Mc Donald. C’était son anniversaire et pourtant elle ne mangeait rien. Elle s’asseyait en face de lui, les coudes sur la table, laissant reposer son maigre visage sur le dos de ses mains ; elle souriait et le regardait manger.

– Je peux te laisser un moment, Vincent, j’ai envie de fumer.

Pour la retenir, il lui tendait une frite. Elle l’emportait et s’en allait dehors fumer.  » 

Je remercie Michel GUIPAUD et Victor des Editions Mandolin pour l’envoi de cet ouvrage.

Publié en mai 2021 aux éditions Mandolin,  » Vincent «  est le quatrième roman de l’auteur Michel GUIPAUD.  L’auteur a souhaité dédier ce roman à ses collègues travailleurs sociaux à Albi. Durant plus de trente ans, Michel GUIPAUD s’est occupé de jeunes et de familles en difficulté.

Jeanne n’est pas une mauvaise mère mais la vie ne lui a pas fait de cadeaux. Mère célibataire, elle tente tant bien que mal de subvenir aux besoins de son fils Vincent, âgé d’une dizaine d’années. Si elle a la fâcheuse tendance à noyer ses problèmes dans l’alcool et à accueillir certains soirs des hommes qui la battent, elle inonde son fils d’amour, à défaut de lui apporter la sécurité, une vie équilibrée et sereine.

p. 109 :  » Durant toutes ces années, il a porté sa mère qui en retour lui a appris les choses précieuses de la vie. « 

Vincent est un enfant d’une grande intelligence mais peu sociable. Sa complicité avec sa mère lui suffit ; ils sont si fusionnels. Alors, lorsqu’il découvre sa mère morte en rentrant chez eux, c’est pour Vincent un drame incommensurable. Malgré le soutien de Sandra, amie et complice de galères depuis plusieurs années, Vincent est dévasté.

Vincent est alors pris en charge par les services sociaux. Il est placé chez la famille Holineau, habituée à accueillir des enfants en difficulté. Mais le couple va se retrouver confronter à un enfant dont le comportement mettra à rude épreuve leurs certitudes.

En lisant ce roman j’y ai retrouvé un petit côté Romain Gary dans  » La vie devant soi « . L’histoire bouleversante d’un enfant qui connaît trop tôt la dure réalité de la vie. Les anecdotes de sa vie avec sa mère sont à la fois drôles et émouvantes. L’auteur transcrit son expérience de travailleur social à travers cet ouvrage. Seul bémol pour ma part, l’écriture m’a parue trop factuelle au détriment de l’émotion.

https://www.facebook.com/michel.guipaud

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